Le Havre
au fil du tramway

Pour marquer les douze ans du tramway, l’Agence d’urbanisme Le Havre – Estuaire de la Seine a souhaité montrer, images à l’appui, avec le moins de mots possible, la transformation urbaine qu’avait permise ce discret mais efficace mode de transport en commun : une chaussée largement reprise à l’automobile, de longues plates-bandes de pelouse verdoyante, des trottoirs en granit, des stations avec des bancs à l’abri de la pluie pour scander les étapes des voyageurs, des façades remises en scène et des polarités confortées.

Car si l’automobile a présidé à de nombreux choix urbanistiques au XXème siècle, le tramway est lui aussi un instrument d’aménagement de l’espace. Il est venu apporter du liant entre des quartiers de la ville qui avaient du mal à communiquer, et les courbes sinueuses de son trajet ont joué le même rôle au milieu des grandes opérations de la ville haute que les formes sensuelles du Volcan d’Oscar Niemeyer pour adoucir la géométrie néoclassique du centre reconstruit d’Auguste Perret.

Faute d’avoir prévu une célébration ultérieure sous cette forme avant que les travaux de construction des lignes actuelles ne démarrent, les clichés d’époque (quelque part autour de 2008-2009), de qualité inégale, ont largement contraint cet exercice. D’un autre côté, l’absence d’esthétisation des images qui servent de support à cette démonstration illustrent, de façon brute, sans artifice, le rôle central qu’a joué le tramway pour embellir la ville.

À l’heure où le tramway du Havre s’apprête à prendre une dimension résolument intercommunale, avec la création de la ligne C qui desservira en 2027 les communes d’Harfleur et de Montivilliers, il nous a semblé pertinent de revenir sur les multiples fonctions d’un tramway. Si son rôle premier est de transporter des passagers, il a également de nombreux autres effets : diminution de la place accordée aux voitures, réduction de leur nombre et ralentissement de leur vitesse de circulation, diminution du bruit, verdissement des chaussées, aménagement de trottoirs et de stations pour les piétons comme pour l’ensemble des modes de déplacement doux, partage et sécurisation de l’espace public, rénovation des façades, etc.

Les photographies prises à quinze ans d’écart, avant les travaux et une décennie après l’inauguration, témoignent de l’ampleur des transformations qui ont, directement et indirectement, accompagné la mise en place des deux premières lignes. Nul ne contredira le fait que la renaissance du tramway au Havre s’est accompagnée d’un embellissement de la ville.

Alors que nos villes sont confrontées à des enjeux de transition démographique, avec un vieillissement relatif de leurs habitants, et de transition énergétique, avec la nécessité d’appuyer davantage notre mode de vie sur une électricité décarbonée, le tramway fait figure de solution intelligente. Accessible à toutes et tous, quels que soient leur âge, leurs revenus, leurs origines ou leur destination, du point du jour au début de la nuit, il incarne une forme de liberté citadine comme il contribue à une certaine cohésion citoyenne.